Un homme au soir de sa vie, s'adresse à son fils qui vit au loin, à jouir de l'air du temps. Ce fils dont la seule ambition est d'être heureux. Ca pourrait être ça, vivre sa vie. Mais le père se rebelle, refusant ce qui lui semble être de la médiocrité, il grogne, il peste et oppose aux valeurs consensuelles de la paix, du bonheur et de l'équité, l'impatience, le propos mécréant, la force du rire et de la dérision.

Recits de quelques fugitifs instants de gens d'aujourd'hui. Trentenaires ou plus, hommes, femmes, malades ou frénétiques, plutôt riches que pauvres, plutôt gagnants que perdants. Apparemment. Car, dans ces courts récits écrits à la première personne, dix-huit perdus se débattent comme ils peuvent avec un réel qui échappe, des rêves en vrac, une spiritualité en friche. Récits d'amitié, d'amour, de réussite, de pouvoir, de filiation, d'addiction, de maladie passent au laser de son écriture sans graisse, drôle, caustique et carnassière.

Voici réunie en un seul volume l'œuvre de dramaturge de Yasmina Reza. Conversations après un enterrement, La Traversée de l'hiver, Art, L'Homme du hasard, ont en quelques années imposé sur la scène française un auteur singulièrement actuel, dont les huis clos - train, hôtel ou living - sont autant de comédies subtiles et décapantes, d'un ton profondément moderne.

Un homme en costume cravate et aux cheveux blancs est contre un mur dans la rue avec un air effrayé.

Chez ma mère, sur sa table de chevet, il y avait une photo de nous trois rigolant enchevêtrés l'un sur l'autre dans une brouette. C'est comme si on nous avait poussés dedans à une vitesse vertigineuse et qu'on nous avait versés dans le temps.